Les Glaneurs et la glaneuse 落穂拾い

Cours de français du semestre d'Automne 2006, niveau intermédiaire, par Jean-François Masseron au Community College de Nanzan Tandai (Nagoya, Japon)

21.9.06

16/9 : L'autre glaneuse, celle du titre, c'est moi !

Le film commence sous le signe de la peinture : Millet, Jules Breton, le musée d'Orsay, le musée d'Arras...
Les glaneuses et autres scènes de campagne ont été un thème florissant de la peinture de la deuxième moitié du XIXè siècle. On appelait cela la peinture de genre. (vous pouvez consulter à ce sujet une fiche du Musée d'Orsay ici).
Dans le passage que nous avons regardé le 16 septembre, Agnès Varda enchaîne en imitant les peintres et, avec sa merveilleuse caméra DV (=digital video), elle se livre à l'art de l'autoportrait...
... Avec des effets "hyperréalistiques" : il s'agit pour elle de ne pas cacher sa vieillesse (cheveux blancs, ses mains). Ce qui correspond à un autre genre pictural : la vanité.Le thème de la main reviendra plusieurs fois dans le film : signe de vieillesse, ici.
Plus loin, la main jouera à "attraper" les camions sur l'autoroute, puis à se filmer en train de ramasser une pomme de terre en forme de coeur.

Mais le voyage continue : direction la Beauce (à l'ouest de Paris). Et comme la moisson est terminée, on s'intéresse au glanage des patates.

On apprend que :
- Les machines qui arrachent les pommes de terre ont parfois des "ratés", ce qui fait le bonheur des glaneurs.
- Les supermarchés vendent les pommes des terre en barquettes et qu'ils veulent une taille uniforme. Les trop petites et les trop grosses sont jetées par les ateliers chargées de les trier.
- Elles sont jetées dans les champs. On ne prévient pas les gens de l'endroit où elles vont être jetées. Mais certains suivent les camions et en ramassent des dizaines de kilos, des centaines de kilos parfois. Il y en a qui en revendent aux restaurants. Surtout quand il s'agit de rattes qui sont si bonnes en salade avec un filet de hareng !(Bien sûr, ce n'est pas du hareng mais du saumon, sur la photo du haut, mais cela peut vous donner une idée. La recette est ici, sur un blog qui s'appelle Station gourmande. En bas des filets de rattes - trouvés sur un site de commande par par internet et de livraison par camion dans le sud de la France. Malheureusement, pas de livraison au Japon !)
On apprend encore par le film :
- Qu'il faut faire vite parce que les pommes de terre laissées à l'air libre deviennent rapidement "impropres à la consommation" (ça veut dire qu'on ne peut plus les manger, qu'on serait malade si on les consommait).
- Qu'il existe des pommes de terre aux formes bizarres, en forme de coeur, par exemple. Ce sont celles qu'Agnès Varda préfère. Elle en ramasse pour elle et elle a une idée : pourquoi pas en ramasser pour les Restau du coeur ?

C'est ce que nous verrons ensemble pendant le prochain cours, le 30 septembre.
D'ici là, reposez-vous bien !

PS : Ô rage, ô désespoir... Je n'ai rien trouvé en japonais qui présente cette tirade célébrissime du Cid (1636, Pierre Corneille) et que cite Agnès Varda...